Utilité conceptuelle et empirique de la pleine conscience (mindfulness)


 

La pleine conscience a démontré une utilité conceptuelle et empirique dans des études portant sur le bien-être psychologique, la santé physique, le travail et le sport, et dans le domaine des relations interpersonnelles (Brown et Ryan, 2003). Des études récentes montrent le rôle protecteur de la pleine conscience contre les effets néfastes des événements de vie difficiles. Cette capacité est en lien et prédit une variété d’indicateurs de santé mentale et de bien-être. Ainsi, la pleine conscience est associée à une tendance plus faible à ressentir et percevoir les événements de vie comme stressants (Weinstein et al., 2009). Weinstein et al. ont trouvé que la pleine conscience a prédit des niveaux plus faibles de stress perçu, moins de stratégies d’évitement et moins d’anxiété. La pleine conscience conduit donc à une diminution de l’anxiété par une régulation plus efficace du stress et s’associe à des niveaux plus faibles de symptômes psychopathologiques et des niveaux plus élevés d’expériences psychologiques positives et de bien-être. De plus, elle permet de vivre un moment de la façon la plus exacte, en se centrant sur les perceptions et non sur les idées préconçues (Brown et al., 2007a, b). Cette capacité facilite des modes de réponse plus adaptatifs aux événements et aide à minimiser les comportements automatiques. Un niveau faible de pleine conscience est relié à des symptômes dépressifs et à des attitudes non-adaptatives ; en revanche, cette attention portée au moment présent est associée à un fort niveau d’optimisme et d’estime de soi (Brown et Ryan, 2003).

Des études longitudinales portant sur la pleine conscience, ainsi que les études portant sur les interventions thérapeutiques basées sur la pleine conscience, montrent l’influence positive de cet attribut sur la régulation émotionnelle. Ainsi, la pleine conscience conduit à plus d’affects positifs et à des niveaux plus faibles d’affects négatifs et de dysfonctionnements émotionnels, tels que des symptômes dépressifs, l’anxiété et le stress ; elle est aussi corrélée positivement à des indicateurs de santé mentale incluant la satisfaction de vie et le bien-être (Brown et Ryan, 2003 ; Carlson et Brown, 2005 ; Lau et al., 2006).


De surcroît, la disposition à la pleine conscience, ainsi que les interventions qui ont comme objectif son augmentation, ont été associées à moins de rumination, d’impulsivité, et de passivité de la pensée (Baer et al., 2006 ; Brown et Ryan, 2003 ; Cardaciotto et al., 2008). La pleine conscience a été corrélée positivement aux stratégies de régulation émotionnelles adaptatives, tels que l’acceptation et l’abandon de pensées négatives, une capacité de compréhension accrue et un développement des aptitudes permettant de repérer et de corriger les ressentis déplaisants (Baer et al., 2006 ; Brown et Ryan, 2003).  La nature adaptative de l’acceptation des expériences émotionnelles est confirmée par les données de recherche qui montrent qu’il est plus adaptatif d’éprouver ou d’exprimer une émotion, plutôt que de changer sa trajectoire, en l’inhibant (Barrett et Gross, 2001). Plusieurs études (Barnes et al., 2007 ; Wachs et Córdova, 2007 ; Arch et Craske, 2006) montrent que la pleine conscience exerce un effet salutaire sur le contenu émotionnel, en réduisant la réactivité émotive négative aux stimulus perturbateurs. Il a été également montré que la pleine conscience peut faciliter le rétablissement après un événement perturbateur (négatif). Ainsi, Broderick (2005) a montré qu’après l’induction expérimentale d’un état de tristesse, les sujets se trouvant dans la condition d’induction de la pleine conscience ont fait preuve d’un rétablissement émotionnel plus rapide en comparaison avec les sujets se trouvant dans une condition expérimentale d’induction des états de distraction et de rumination. Ces résultats sont prometteurs pour la recherche en psychologie clinique car ils suggèrent que la pleine conscience confère des moyens adaptatifs pour faire face aux émotions difficiles et négatives.


Enfin, la pleine conscience permet une meilleure régulation du comportement (Brown et Ryan, 2003 ; Ryan, 2005) ; cet attribut facilite une régulation plus adaptative et efficace des actions, en rendant les réponses plus flexibles, adaptées à la situation et atténue les réactions et comportements automatiques et impulsifs (Bishop et al., 2004 ; Ryan et Deci, 2004). Ainsi, la pleine conscience permet une autorégulation plus autonome et un développement du sentiment d’être en accord avec ses actions, celles-ci étant reconnues comme intrinsèques à sa volonté.

Référence bibliographique : Csillik, A., Tafticht, N., Les effets de la mindfulness et des interventions psychologiques basées sur la pleine conscience. Pratiques psychologiques (2012), doi:10.1016/j.prps.2012.02.006